Apostasie - Vincent Tassy
«Seigneur ! Je ne fais que penser à lui, revivre le vertige du premier regard, et je m'égare encore. Mais contempler Aphelion c'est ne contempler rien d'autre qu'Aphelion. Est-il mort ou vie, éternelles ? Sa chevelure est comme la chevelure de l'humanité entière, noire comme les âmes qui sont passées par les ténèbres du désir, du désespoir, ou de la foi. Bouclée comme une pensée qui s'entortille et s'en retourne infiniment au même point.»
Le résumé :
«J'ai appris tant de sortilèges, j'ai lu tant de livres. Mais rien pour cela. Et Lavinia je meurs, je meurs de ne pouvoir mourir, je meurs d'être immortel. C'est une malédiction ; elle est faisandée, Lavinia, notre éternité. Elle est moisie? Elle a des vers plein les entrailles. Je n'en veux pas. Je veux juste cela, moi, une nuit m'éteindre, connaître le bonheur de fermer les yeux pour toujours, et laisse tranquillement le monde derrière moi [...]»
Ma chronique :
Apostasie est un livre qui fut parfait à lire en automne, tout en me permettant de vider ma PAL et de valider une entrée dans le Pumkin Autumn Challenge 2024. Ce roman du genre fantastique de Vincent Tassy reprend le mythe du vampire sans toutefois le réinventer. On y suit Anthelme, un jeune homme désabusé qui choisit de se couper du monde et de vivre dans la forêt. Il va vite se rendre compte que quelque chose de pesant et d’inquiétant y règne avant de faire la rencontre de personnes captivantes mais dangereuses qui vont impacter profondément et à tout jamais sa vie…
Je dois avouer que la première partie du roman a été compliquée pour moi, j’ai même hésité à abandonner ma lecture. Je trouvais le rythme excessivement lent, j’avais du mal à rentrer dans l’histoire et le style d’écriture nécessitait un temps d’adaptation. Je me suis ennuyée d’autant plus que je ne m’attachais pas au protagoniste Anthelme pour lequel je ressentais une certaine distance. La seconde partie en revanche m’a énormément plu avec ses allures de conte. Le vampire Aphelion raconte à Anthelme une histoire passionnante qui s’est déroulée à une époque lointaine, l’histoire de la chute d’un royaume à cause d’un amour brisé, l’histoire de la création des premiers vampires, l’histoire de la princesse disparue Apostasie qui représente un espoir pour tout le monde. Même si je ne comprenais pas bien ce que ce conte faisait ici et vers quoi l’auteur m’emmenait, j’ai été happée par la vie et les émotions de ces personnages aux destins tragiques (j’ai adoré les personnages d’Ambrosius et de Lavinia). La troisième et dernière partie nous replonge dans le présent aux côtés d’Anthelme et les vampires évoqués auparavant sont développés. Je suis un peu mitigée vis-à-vis d’éléments de cette partie, qui trainait un peu en longueur sur la fin, dont je n’ai probablement pas bien saisi les symboliques.
La plume de l’auteur est marquante, très imagée et puissante. Son style riche déborde d’un vocabulaire peu usité voire désuet qui peut représenter selon moi un frein pour certain.es lecteurices. C’est une écriture délicate, empreinte d’une grande poésie et de beaucoup de mélancolie, qui parvient à créer et à donner corps en quelques mots à une atmosphère si particulière. L’ambiance est délicieusement gothique et oscille entre la beauté et l’horrible, entre le fascinant et le repoussant. Le lecteur assiste tout comme Anthelme à des scènes déstabilisantes où la violence et l’érotisme se mêlent. L’ambivalence se glisse partout, jusqu’au questionnement de la réalité : l’histoire racontée par Aphelion est-elle vraie ? Apostasie existe-t-elle vraiment ? Et comme toute histoire de vampire, les thématiques autour de l’immortalité, du temps qui passe, de la mélancolie, de la pulsion de mort sont présentes et ici décortiquées.
Apostasie est indéniablement un roman envoûtant, à la fois
sombre et sensuel, avec un univers soigné et une ambiance bien à lui. Ce fut
une découverte très particulière et je suis ravie d’avoir tenté l’expérience
même si je reste mitigée sur certains points et que l'ensemble m'a paru inégal.
Ma note :
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