Crescent City, tome 1 : Maison de la Terre et du Sang - Sarah J. Maas

 

«Il craignait vraiment, ce putain de monde stupide dans lequel ils vivaient.
Et il regorgeait d'individus horribles. Qui passaient toujours entre les gouttes, au dépens des gens de bien.
»


Le résumé :

Bryce, une jeune femme mi-fae, mi-humaine, a une vie parfaite : elle travaille la journée chez un marchand d’antiquités qui vend des artefacts magiques et fait la fête toute la nuit avec ses amis en savourant chaque plaisir qu’offre Lunathion – plus connue sous le nom de Crescent City. Mais un jour, un terrible meurtre va venir ébranler les fondations de la ville, de même que le monde de Bryce. Deux ans plus tard, son travail ressemble à une impasse et elle se plonge dans l’oubli en écumant les clubs les plus fameux. Mais lorsque le meurtrier frappe de nouveau, Bryce se retrouve entrainée dans l’enquête et doit faire équipe avec Hunt, un mystérieux ange déchu dont le passé noir hante chacun de ses pas. Ce dernier est l’assassin personnel des archanges et il doit protéger la jeune femme, même s’il lui porte peu d’intérêt. À la recherche de la vérité, Bryce et Hunt vont apprendre à se connaître et vont explorer les bas-fonds de la ville jusqu’aux niveaux les plus sombres de l’Anfer où des choses qui dormaient depui dormaient depuis des millénaires se réveillent… 

 

«"- J'ai peur", murmura-t-elle.
Danika lui attrapa de nouvea
u la main. "C'est le but, Bryce. De la vie. Vivre, aimer, tout en sachant que ça risque de disparaître demain. Ça rend tout expérience plus précieuse encore."»


Ma chronique :


Crescent city est le premier roman de Sarah J. Maas que je lis (même si tous ses autres livres dorment dans ma PAL, oups !) Et je vous avoue que le début a été très, très compliqué. Honnêtement, après avoir vu tous les très bons avis, en lisant les 150 premières pages je ne comprenais pas du tout le succès et je me suis dit que je ne tiendrai jamais jusqu’à la fin de ce pavé de 950 pages.

Je m’explique : dans la première partie, l’autrice balance littéralement au visage du lecteur une multitude d’informations et de noms indigestes avec très peu d’explication. Bonjour le word-building bâclé. Au bout d’à peine quelques pages j’étais perdue, n’ayant pas le temps d’assimiler les informations. La mise en place de l’univers et des personnages m’ont paru vraiment chaotiques. D’ailleurs, les personnages qu’on rencontre au début (Bryce, Danika et sa meute de loups) sont antipathiques, clichés et insupportables au possible. Le style d’écriture n’aide pas à cause des phrases de descriptions hyper longues, à grand renfort de tirets et de virgules pour bien étirer la phrase au maximum sur plusieurs lignes. Mais heureusement ! Passé les 150 premières pages, l’histoire prend une autre tournure et rattrape le fiasco du début.

Concernant l’univers, on a le droit de l’urban fantasy peu créative qui reprend les codes du genre. L’autrice a fait le choix de mettre absolument toutes les créatures fantastiques possibles dans son roman (faes, anges, sylphes, tritons, vampyres, métamorphes, démons, sorcières…) ce qui donne un pot-pourri malheureusement assez banal et manquant d’originalité. L’histoire et l’organisation de la ville cosmopolite Lunathion, surnommée Crescent City, le passé des anges déchus et quelques autres éléments d’intrigue m’ont en revanche beaucoup plu. On manque cependant d’explication par rapport à l’origine de certaines espèces ou à leur arrivée à Crescent City. 
 
Je me suis vite prise au jeu de la double enquête qui se met en place (trouver le meurtrier et trouver le Cor perdu des faes). J’ai rapidement eu envie d’en savoir plus sur l’univers, de rencontrer plus de créatures fantastiques, de voir comment l’enquête avançait et comment la relation entre Bryce et Hunt évoluait. Clairement, ça se lit bien et malgré les presque mille pages, les pages se tournent vite et c’est une lecture divertissante. On a une redondance de certains passages qu’on lit d’abord du point de vue de Bryce puis une nouvelle fois mais du point de vue de Hunt. Si on enlève ces passages en doublons et les moments où l’intrigue traîne un peu en longueur, ce roman peut faire facilement 200 pages de moins. J’ai trouvé qu’il y avait pas mal de facilités notamment lorsque les personnages bloquent dans l’enquête et ont un éclair de génie ou un deus ex machina qui sort de nul part (quand on ne leur donne directement pas la réponse) qui les permettent d’avancer. La dernière partie est un vrai feu d’artifice d’actions et de révélations, parfois prévisibles, et c’était plutôt fun à lire. 

Les personnages introduits au fil des chapitres sont intéressants et témoignent d’un lore riche et varié. Bryce devient bien plus sympathique et attachante que dans les premiers chapitres même si elle reste finalement un peu trop clichée à mon goût. J’ai apprécié la dynamique de la relation qui se tisse entre Bryce et Hunt ainsi qu’entre Bryce et son demi-frère Ruhn. J’ai beaucoup aimé Hunt qui est un personnage finalement plus complexe et profond qu’il n’y paraît, j’ai eu plaisir à découvrir les différents pans de sa personnalité au fur et à mesure que l’histoire avance et qu’il côtoie Bryce. Mention spéciale à Lehabah et Syrinx que j’ai adoré et qui apportent un vent de fraîcheur et de tendresse !

Je trouve cependant vraiment dommage et problématique que la moindre mention de Bryce renvoie à son corps et qu’elle soit à ce point sexualisé, un vrai morceau de viande par moments (et puis bon, si une mi-humaine mi-fae génère autant de désir et de fantasme auprès de la gent masculine, je n’ose même pas imaginer ce que ça donne avec une fae non métissée…) Ce rapport au corps ne concerne d’ailleurs pas que Bryce et ses formes généreuses : la musculature de Hunt est omniprésente à chaque description et l’autrice ne manque pas de nous rappeler TOUT LE TEMPS que dans son univers tout le monde a, bien sûûûûûr, un visage superbe et un corps à se damner. Bref, lassant et gênant à lire.

La plume de Sarah J. Maas ne m’a pas convaincue. Je l’ai trouvé plutôt banale, parfois lourde, parfois fluide à lire (une fois qu’on s’habitue aux phrases à rallonge). Certains détails ou éléments de l’intrigue sont répétés plusieurs fois de façon assez maladroite comme si l’autrice voulait absolument les pointer du doigt en mode « n’oubliez pas hein ! Ça c’est important pour la suite !! ». On peut également noter une redondance dans l’usage de mots et expressions, le vocabulaire paraît assez limité à force de recroiser sans cesse les mêmes mots dans une lecture de 950 pages (par exemple tout le monde passe son temps à grogner, gronder et ronronner… Oui moi aussi sur le coup je me suis dit what ?!) Enfin, je n’ai pas compris l’intérêt d’une écriture aussi vulgaire, il n’y a absolument aucune subtilité dans les dialogues. Désolée mais mettre des insultes à toutes les pages ça dessert le propos et ça ne rend pas un roman plus mature, loin de là. Les personnages sont tout de même des adultes, vieux de plusieurs siècles pour certains, mais leur langage et leur comportement sont complétement immatures.

Malgré un début qui a bien failli me faire abandonner ma lecture, ce tome 1 de Crescent City fut une lecture divertissante. Ce roman souffre de nombreux gros défauts selon moi mais  l’autrice a tout de même réussi à me happer dans son univers et son intrigue fantastico-policière. Je me suis attachée à certains personnages tandis que d’autres restent encore à découvrir plus en profondeur. Je lirai la suite, en espérant que certains soucis de ce tome 1 soient gommés.
 

«C'est plus facile pour moi - quand on s'imagine le pire à mon propos. Ça me permet de voir qui les gens sont vraiment.»


Titre : Crescent City, tome 1 : Maison de la Terre et du Sang (titre VO : Crescent city, House of Earth and Blood)
Autrice : Sarah J. Maas
Éditeur : De Saxus
Publication : mai 2021
Prix : 24,90€
Nombre de pages : 955

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