Le Démon de maître Prosper - K.J. Parker
«Je vous ai prévenus que vous n'alliez pas m'aimer. Je comprends
ça. Ça prouve que vous avez des émotions normales. Si vous me disiez: Je
connais un type insensible et brutal qui se fiche complètement de ses prochains
et ne verserait pas une larme sur la mort d'un innocent; ça vous dirait de le
rencontrer, de lui serrer la main, voire de l'inviter à dîner chez vous? Vous
rigolez, non?»
Ma chronique :
Le Démon de maître Prosper est une novella fantastique de moins de 100 pages dans laquelle on suit un étrange personnage principal qui est capable d’exorciser les démons et de délivrer leurs pauvres victimes humaines, non sans dégât. Et il a des comptes à régler avec un démon en particulier qui a choisi de posséder un nouveau-né royal pour être tranquille.
Le narrateur prévient tout de suite le lectorat et insiste tout au long du récit : il est antipathique, détestable et a peu de valeur morale. Mais si, en effet, notre anti-héros se fiche du mal qu’il va causer aux personnes dont il extrait les démons, je m’attendais tout de même à bien pire dans ses agissements vu tout ce qu’il nous avait vendu (et vu ce que le résumé promettait) Un texte plus long aurait sûrement permis de développer plus en détails toute son ambiguïté et sa désobligeance. Peut-être dans une éventuelle suite ?
Si l’intrigue de base est classique avec ces histoires de démons et d’exorcisme, c’est au niveau du ton et de la forme que Le Démon de maître Prosper est ingénieux et assez addictif. Nous suivons les pensées du narrateur, pleines de sarcasme et de cynisme, alors qu’il brise à plusieurs reprises le quatrième mur. Les dialogues intérieurs avec les démons sont dynamiques et jubilatoires, surtout car le narrateur doit dans le même temps tenir des conversations normales comme si de rien n’était dans une gymnastique mentale bien menée.
Au fil des pages, j’avais du mal à comprendre où l’auteur et son narrateur voulaient m’emmener. L’intrigue est entrecoupée de flash-backs, de parenthèses philosophiques et de longues digressions détaillés et pédagogiques sur l’art et la sculpture (qui pourront ennuyer plus d’un.e lecteur.ice) Mais tout prend son sens à la fin où je me suis rendue compte que j’avais été superbement menée en bateau. Le final est surprenant et spectaculaire, loin de ce à quoi je m’attendais, et j’ai beaucoup aimé !
L’ensemble manque parfois de rythme et est trop court pour bien
développer le narrateur ou approfondir l’intrigue mais j’ai dévoré d’une traite
cette novella rafraîchissante et efficace au ton mordant.
Ma note :
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