«Voilà comment on endort un peuple. Chaque année, on fait miroiter une forme d’ascension sociale à quelques jeunes roturières, la perspective d'un beau mariage, d'un nom, du confort matériel. Chacun peut imaginer sa fille, sa nièce, sa sœur dans cette femme anonyme [...] Voilà ce qui les pousse à accepter une vie de misère et une après-midi de libre par semaine : l'infime espoir que leurs enfants pourront améliorer leur condition.»
Le résumé :
La révolution de 1789 n’ayant pas abouti, la France est dirigée par le Roi Louis XXI. La monarchie autoritaire s’assure néanmoins le soutien du peuple en mettant en scène son faste et sa cour dans des émissions de téléréalité. « Noblesse oblige » est la plus regardée d’entre elles. On y suit chaque année une poignée de jeunes roturières élues, à qui l’on offre la chance de rencontrer de grands héritiers et de faire un mariage avantageux.
Gabrielle, secrètement antiroyaliste, apprend qu’elle fait partie des candidates. Une occasion rêvée d’infiltrer la monarchie et de dénoncer ce qui se cache sous le vernis de la cour. Or ce qu’elle va découvrir va bien au-delà de ce qu’elle pouvait imaginer…
«Pour le téléspectateur, c'est un conte de fées. Pour moi, c'est le début d'un cauchemar.»
Ma chronique :
Noblesse Oblige est une uchronie dans laquelle la monarchie
est toujours au pouvoir à notre époque à la suite de l’échec de la Révolution
française. Tous les ans, une émission de télé-réalité envoie des jeunes femmes
du peuple qui s’avèrent avoir le sang pur rencontrer des nobles pour que des histoires d'amour naissent sous le feu des projecteurs. Gabrielle, qui souhaite faire tomber le pouvoir royal et se
venger de ceux qui ont briser sa famille, se retrouve malgré elle participante
de cette émission.
L'idée d'une uchronie dans ce contexte est chouette mais l’ensemble
manque pour moi de développement. On en sait finalement peu sur l’échec de la
Révolution et ça m’a paru un peu feignant de juste transposer le XVIIIe siècle à
notre époque en y ajoutant la technologie (en
plus de 200 ans, on s’attend à ce que la société ait un peu plus évolué,
surtout quand c'est le cas des pays voisins ont) On nous promet des
complots et intrigues politiques, alors oui on en a, mais tout reste finalement
très en surface et plutôt prévisible. Par ailleurs, Gabrielle est certes
en danger vis-à-vis de son statut de favorite du dauphin mais son enquête
manque de risques à mon goût, j’ai eu souvent du mal à la croire
réellement en danger dans son rôle d'espionne.
Le plot du roman n’est pas sans rappeler La Sélection, que j’avais
d’ailleurs détesté, mais en moins gnangnan et plus sombre. J’ai trouvé la
première moitié très agréable à lire malgré son côté parfois mollasson avec beaucoup d’ellipses
et quelques longueurs : les séquences où certains passages sont filmés et
re-filmés en boucle pour les besoins de l’émission sont rapidement redondants
et peu dignes d’intérêt. On ne suit d’ailleurs que le point de vue interne de
Gabrielle donc on peut avoir tendance à s’ennuyer un peu. D’autant plus que la
jeune femme, antiroyaliste, qui a beaucoup de caractère et est
portée par ses valeurs et son désir de vengeance dans les premiers chapitres, devient très rapidement
fade, passive et naïve. Elle se
réveille et se bouge heureusement dans les tout derniers chapitres.
Dans la seconde partie du roman, l’histoire prend un tournant inattendu plus violent, glauque et même sanglant alors que le voile de mystère qui pesait
sur la mort d’une précédente participante, sur les agissements de la famille
royale et sur l’envers du décor de l’émission se dévoile. On y voit réellement
la manipulation du peuple par les têtes couronnées ainsi que par le pouvoir de l’image où tout est mise en scène et n'a plus rien d'authentique. Cependant, le dauphin est tellement mauvais et manichéen,
dans l’excès à tout bout de champ, qu’il en devient complétement caricatural et
ridicule. J’ai
trouvé dommage que les autres personnages soient si peu approfondis, à part peut-être
Agnès que j’ai bien aimé. De plus, la romance qui sort de nulle part m’a paru inutile.
Noblesse
Oblige est donc un roman plutôt efficace dans son rôle de page-turner avec des
rebondissements et une écriture simple mais dynamique, proposant une histoire
qui sort de l’ordinaire. J’ai en revanche été peu convaincue par le manque d’approfondissement
des personnages et de l’intrigue.
Ma note :

«Le pouvoir royal est très bon pour créer des héros, mais encore meilleur pour fabriquer des ennemis.»
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Titre : Noblesse Oblige
Autrice : Maiwenn Alix
Éditeur : Slalom
Publication : février 2024
Prix : 18,95€
Nombre de pages : 400
ISBN : 9782375543696
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