Porcelaine sous les ruines - Ada Vivalda

«Trois vœux.
J'avais le droit de leur accorder trois vœux ; pas un de plus. Mais je les aimais trop pour leur refuser mon aide.
Et cet amour-là m'a tout coûté.
»

Le résumé :

Parce qu'elle a accordé trop de voeux aux humains, Alba a été bannie sur Terre par les Génies. Après une longue errance à travers les siècles, elle a enfin trouvé un refuge et une famille sur l'archipel paisible d'Hibernia. Les habitants de ce qui fut jadis l'Irlande voient désormais en elle Lady Whitmore, la Dame aux yeux sombres, gardienne de ces derniers morceaux de terre verdoyante que la mer grignote chaque jour un peu plus. Mais l'abondance qui règne sur Hibernia commence à susciter la convoitise de Cymru, l'archipel voisin, puissant et surpeuplé. Le Conseil de Cymru envoie alors chez Lady Whitmore un émissaire aussi détestable que séduisant : Lethan Alcor. Tout juste élu Conseiller, Lethan a une mission cruciale : percer le secret de la richesse d'Hibernia. Et pour y parvenir, il est prêt à user de ses stratagèmes les plus redoutables contre Alba et ses proches. La cohabitation risque d'être orageuse...

«- Eh bien quoi ? C'est vous qui le dites sans arrêt : "Je ne suis chez moi qu'avec un thé chaud et un bon livre au fond d'un lit."
- Certes, admit Alba, une pointe de tristesse dans la voix. Même si aucun d'entre vous n'a jamais essayé de comprendre.
- Avouez que c'est assez bizarre de rester là, immobile, à regarder des taches d'encre pendant des heures.»


Ma chronique : 

La romance et moi, ça fait deux, je n’en lis quasiment pas et même quand une histoire d’amour prend trop de place dans un roman, ça a tendance me faire lever les yeux au ciel. Mais ! J’ai tout de même voulu tenter l’expérience avec Porcelaine sous les ruines vu que j’avais adoré le précédent roman de l’autrice, Du thé pour les fantômes (publié, lui, sous le nom Chris Vuklisevic), et que les retours étaient très enthousiastes. 

Les premiers chapitres m’ont tout de suite happée : on y découvre notre monde, des siècles après l’effondrement de la société qu’on connait. La montée des eaux et l’affaiblissement des ressources ont mené une grande partie de l’humanité à fuir vers d’autres planètes. Quelques individus sont restés sur place, notamment Lady Alba Whitmore qui gère l’archipel prospère d’Hibernia (l’ancienne Irlande) dont les ressources et vivres sont convoitées par son antithéthique voisin Cymru (l’ancienne Angleterre).

D’entrée de jeu, on ne peut que remarquer la plume d’Ada Vivalda qui est superbe et riche, toute en poésie et en sensibilité, parfois empreinte d’une nostalgie qui colle parfaitement au propos du roman. L’autrice parvient encore une fois à créer avec talent des ambiances envoûtantes et des décors immersifs d’une grande beauté qui m’ont charmée.

J’ai tout de suite été charmée par le personnage d’Alba qui apparaît comme une femme forte, juste, aimée par les habitants de l’archipel et redoutée par le Conseil de Cymru. J’ai particulièrement aimé le fait qu’elle soit un Génie, c’est une entité que je n’avais jamais croisée au fil de mes lectures et j’ai trouvé que c’était original. En tant que Génie de l’Immaculé, Alba possède d’ailleurs un pouvoir fascinant et très poétique (que j’aurais aimé voir plus souvent à l’œuvre, je l’avoue) même s’il est finalement très réduit car elle a été exilée sur Terre pour avoir fautée. 

Dans cet univers post-apocalyptique où le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles détruisent peu à peu les derniers vestiges de l’humanité, le sous-texte écologique est présent en filigrane tout au long de l’histoire et résonne particulièrement avec les préoccupations actuelles. Une opposition est sans cesse faite entre Hibernia et Cymru. La première est un écrin de nature où la faune et la flore sont mises à l’honneur et respectées, une terre riche qui donne en retour de la bienveillance qu’elle reçoit. En face, Cymru incarne la face néfaste de la société : l’industrialisation, la recherche du profit et de la productivité menant à une biodiversité détruite et une humanité dépressive.

Tout allait donc pour le mieux dans cette lecture jusqu’à la rencontre des protagonistes, Alba et Lethan. À partir de là, j’ai malheureusement trouvé qu’on tombait dans les clichés du enemies-to-lovers et les réactions et évolutions des personnages ne m’ont pas convaincues. J’ai personnellement du mal à saisir qu’on puisse à ce point détester de tout son être quelqu’un qu’on vient à peine de rencontrer. Et puis le côté « je le/la méprise, je veux l’humilier mais bon dieu ce qu’il/elle est sexy !! » ça m’agace prodigieusement, surtout quand on nous répète toutes les dix pages à quel point les muscles de Lethan sont saillants et son faciès parfait. 

Lethan est un fanfaron qui croit que toutes les femmes doivent être à ses pieds et passe son temps à s’imaginer dominer physiquement Alba... Tandis que cette dernière, ayant pourtant parcouru la Terre depuis des siècles et fait face à de nombreux obstacles, perd toute la force de caractère, la prestance et le contrôle qu’elle avait dans les premiers chapitres. La relation m’a semblé d’autant plus bancale qu’une ellipse de deux semaines nous fait passer de chamailleries et antipathie mutuelle à un semblant de proximité et de connivence qu’on a du coup du mal à saisir.

Porcelaine sous les ruines aura donc été une lecture qui avait tout pour me plaire si la romance très convenue n’avait pas pris autant de place dans l’intrigue et si j’avais trouvé les personnages plus attachants (je savais plus ou moins à quoi m’attendre, au moins j’aurais essayé !) L’écriture, l’univers et les enjeux m’ont en revanche énormément plu et je lirai assurément les prochains titres de l’autrice... qui ne seront pas de la romantasy !


Ma note : 


«- Prendre soin de quelqu'un n'est jamais un fardeau, lorsqu'on sait qu'il s'agit de la bonne chose à faire.»

Titre : Porcelaine sous les ruines
Autrice : Ada Vivalda
Editeur : Olympe
Publication : février 2024
Prix : 23€
Nombre de pages : 400 
ISBN : 9782073053749

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