Les Faucons de Raverra (trilogie) - Melissa Caruso

 «C'était dans ce but que j’étais née Cornaro. Pour remporter la victoire avec des mots, afin de ne pas avoir à la conquérir par l'épée et le feu.» 


Le résumé :

La magie est peu fréquente dans l’Empire raverrain. Ceux qui naissent avec ce pouvoir sont étroitement contrôlés : repérés dès l’enfance, ils se retrouvent enrôlés de force dans le régiment des Faucons.
Zaira a évité ce sort ; elle a grandi dans les rues en volant pour survivre et en dissimulant sa nature. Mais elle cache une magie rare et dangereuse, une magie qui pourrait menacer l’Empire tout entier.
Amalia Cornaro n’était pas destinée à devenir Fauconnière. Héritière d’une puissante famille, elle a été élevée dans le monde dangereux des machinations politiques. Mais le sort va réunir l’héritière et la sorcière en une alliance improbable. Alors que la menace de la guerre se profile, il pourrait suffire d’une étincelle pour transformer leur cité en un brasier incandescent…


Ma chronique : 

 Attention aux éventuels spoilers : j'aborde dans cette chronique ma lecture de la trilogie complète, tome par tome. 


 Tome 1 : La sorcière captive

Titre VO : The Tethered Mage
Autrice : Melissa Caruso
Éditeur : Castelmore
Publication : juin 2019
Prix : 18,90€
Nombre de pages : 633

 

La sorcière captive est un premier tome introductif convaincant où il y a peu d'actions car Melissa Caruso prend le temps de poser les bases de son univers, de son intrigue et des différents enjeux politiques et sociaux. Si l'univers et le schéma narratif sont plutôt classiques, j'ai en revanche trouvé le système de magie très intéressant. Tous les éléments qui gravitent autour des Faucons, des Fauconniers et les règles qui régissent leur vie attisent rapidement la curiosité du lecteur et laissent présager de nombreux questionnements.  

Ce premier tome est bien sûr l'occasion de faire la rencontre de nombreux personnages. Melissa Caruso met à l'honneur des personnages féminins d'horizons divers qui ont un vraie place et une vraie importance. J'ai tout de même été un peu déçue par Amalia Cornaro qui est une jeune femme plutôt effacée et sans grande profondeur (en tout cas dans ce tome), qui reste dans l'ombre de sa mère et se laisse bien trop marcher sur les pieds par son Faucon, Zaira. Cette dernière, qui n'a pas la langue dans sa poche, peut parfois être agaçante mais son franc-parler et son audace sont rafraichissants.

Les dialogues et échanges au cœur des intrigues politiques, bien qu'un peu répétitifs, permettent de saisir l'ampleur des jeux de pouvoir et des complots qui se trament à Raverra. Melissa Caruso met en exergue les différences de traitement entre les milieux sociaux mais aborde aussi la question du déterminisme à la naissance et du libre-arbitre entravé par les traditions : d'un côté, les Faucons sont propriétés militaires de l'Empire, Amalia quant à elle est prédestinée à siéger au Conseil des Neuf à cause de sa filiation et ne pas choisir la personne qu'elle aimera.

 

«Mes pas résonnent du fracas des légions [...] Mon souffle est le vent qui gonfle les voiles des armadas [...] Les murmures d'un millier d'espions bruissent à mes oreilles pour me dévoiler vos pitoyables manigances. Et mes yeux portent la marque des mages de centaines de Faucons [...] Je suis l'Empire, et je vous détruirai.»


Tome 2 : L'héritière rebelle

Titre VO : The Defiant Heir
Autrice : Melissa Caruso
Éditeur : Castelmore
Publication : septembre 2019
Prix : 18,90€
Nombre de pages : 736

 

L'héritière rebelle est un second tome très immersif que j'ai trouvé plus abouti, il gagne en complexité et en maturité. C'est aussi le tome de la trilogie que j'ai préféré ! Ici, l'univers s'étend et les enjeux politiques prennent plus d'ampleur car on y découvre le dépaysant Vaskandar, contrée hostile et magique. J'ai adoré partir à l'aventure aux côtés d'Amalia et de Zaira à la rencontre des Hauts Ensorceleurs (coup de cœur pour le fascinant et caustique Kathe !), découvrir leur magie et leurs territoires avec chacuns leurs spécificités. 

La galerie de personnages s'étoffe, ils sont variés et hauts en couleurs. J'ai trouvé que les personnages (anciens comme nouveaux) étaient ici plus développés et moins manichéens et naïfs que dans le premier tome. En tant qu'ambassadrice de l'Empire Sérénissime, Amalia doit pour la première fois agir et prendre des décisions loin des conseils de sa mère et elle s'en tire à merveille en faisant preuve de discernement et de sagesse. Elle s'impose comme femme de caractère et devient incarnation de la connaissance et du savoir face à des êtres immortels et dangereux dotés de pouvoirs magiques démesurés qui sont prêts à déclarer la guerre à sa patrie.

Ce déséquilibre des pouvoirs permet à l'autrice d'introduire beaucoup plus de suspens et de jouer avec les nerfs de ses personnages mais aussi de ses lecteurs dans des situations où on ne peut que se méfier des moindres faits et gestes de certains personnages ambigus.  

 

«Il était aisé de choisir entre le bien et le mal. Mais choisir le moindre mal, en sachant que votre décision condamnait des gens à la mort, là était le choix qui vous arrachait une partie de votre âme.»


Tome 3 : L'Empire libéré

Titre VO : The Unbound Empire
Autrice : Melissa Caruso
Éditeur : Castelmore
Publication : mars 2020
Prix : 18,90€
Nombre de pages : 699


 L'Empire libéré est un tome final très intense et rythmé, où le lecteur est entrainé dès les premières pages dans une succession d'événements, de combats, de complots et de retournements de situation. C'est qui est certain, c'est qu'on ne s'ennuie pas ! C'est aussi un tome qui prend par les sentiments avec ses révélations et pousse à la réflexion en abordant les thématiques de rédemption et de vengeance par le biais de plusieurs personnages.

Le personnage d'Amalia continue d'évoluer de façon très intéressante et de s'affirmer dans ses choix et ses paroles. Elle se pose de plus en plus de questions sur la légitimité du rapport de force qu'exercent les riches et les puissants sur les autres classes sociales en restant au chaud dans leur demeures à tirer les ficelles du pouvoir. Ce questionnement passe par son projet de loi pour l'abolition de l’esclavagisme des Faucons qui tend à une société égalitaire et juste. Amalia devient une femme forte à l'image de sa mère : elle ne rechigne pas à aller en première ligne, elle porte la voix d'un peuple oppressé et bouscule les traditions qui prennent la poussière. Mais Zaira aussi a grandement évolué : elle reste égale à elle-même dans son cynisme et sa férocité, mais elle a appris à s'ouvrir aux autres et à dévoiler ses sentiments et ses faiblesses ce qui la rend extrêmement attachante.

Pour moi, le gros bémol dans ce tome c'est le fameux "triangle amoureux" mais surtout la relation entre Marcello et Amalia, à mon sens complétement clichée et mièvre depuis le premier tome, qui m'a énormément agacée et dont les scènes étaient trop répétitives et souvent inutiles.

 

«Nous ne pouvons pas changer le passé. Toute la question est de savoir quoi faire pour préserver le futur


Pour conclure :

Les Faucons de Raverra a été une belle surprise de fantasy young adult. Cette trilogie n'est bien sûr pas dénuée de défauts mais elle fait largement le travail et j'ai passé de supers moments de lecture. Les retournements de situation sont parfois prévisibles et certains problèmes sont trop facilement réglés mais la lecture reste prenante et immersive avec une belle écriture fluide, empreinte de poésie, qui donne à voir les décors et les expressions des personnages. 

Melissa Caruso ne tombe pas dans la facilité en montrant sa capacité à ne pas être toujours tendre avec ses personnages qui font face au doute, au chagrin et à la douleur à plusieurs reprises. L'évolution des personnages au fil des tomes est très bien maitrisée et j'ai eu grand plaisir à les suivre dans leurs aventures. Je pense que c'est une bonne saga pour faire ses premiers pas dans la fantasy ou pour lire de la fantasy peu complexe !

 

«J'avais la main posée sur la plume du destin tandis qu'elle écrivait le prochain chapitre de l'histoire d'Eruvia, et il me revenait de ne pas renverser d'encre rouge sur les pages.»

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