Thecel - Léo Henry

 «J'ai à peine vécu et n'ai presque rien appris de mes voyages. Je sais cependant ceci : il ne suffit pas de refuser de subir le pouvoir, il faut encore renoncer à l'exercer. Se délivrer de tout maître n'est un horizon désirable que si on continue ensuite à lutter pour ne jamais en devenir un.»

 

Le résumé : 

À Thecel, Moïra et son frère, Aslander, coulent des jours heureux au Palais, dont ils connaissent tous les recoins par cœur. Leur père est à la tête de l’Empire des Sicles et, même si l’on évoque des combats sporadiques aux frontières, la paix et la concorde règnent. Pourtant d’inquiétantes rumeurs courent : l’Empereur serait au plus mal et, s’il venait à mourir, Aslander, son seul héritier mâle, pourrait ne pas être en mesure de prendre sa succession. Serait-ce la fin de la dynastie et, pire, la chute de l’Empire? Et que deviendrait alors Moïra?

 

«Que cela se soit passé il y a trente ans ou mille n'a aucune importance. Ce qui s'est produit avant notre naissance appartient au monde des légendes.»


Ma chronique : 

Thecel de Léo Henry est un roman de fantasy court mais dense qui m'a transportée dans un univers à la fois vaste et surprenant. Si le début de l'intrigue peut paraître plutôt banal pour un roman de fantasy, l'histoire prend rapidement un tournant plus complexe où un jeu de stratégie et de pouvoir aux nombreux rouages se met en place.

J'ai été charmée par la plume de Léo Henry, très poétique, qui retranscrit à merveille la grande imagination de l'auteur. J'ai aimé suivre le personnage de Moïra, d'abord partie à la recherche de son frère, puis la suivre dans sa quête initiatique à la rencontre de peuples mystérieux et à travers les contrées magiques d'un monde qui suscite à la fois curiosité et émerveillement.

Véritable métaphore d'un jeu de plateau où il faut faire preuve de réflexion et de stratégie, ce roman prend aussi aisément une résonance actuelle. En effet, les problématiques autour de la tolérance et du racisme, mais aussi les questionnements liés aux libertés individuelles et aux changements climatiques de cet univers font écho à la société et au monde d'aujourd'hui.

Cette lecture peut parfois être compliquée et je comprends tout à fait qu'elle ne plaise pas à tout le monde de part son côté onirique et parfois abstrait. Il faut également être patient et accepter de ne pas tout comprendre tout de suite, d'être un peu perdu, car le lecteur n'a pas toutes les clés en main et certains mystères perdurent même après avoir refermé le livre. Pour ma part, j'ai passé un très agréable moment de lecture avec ce petit roman que j'ai lu d'une traite et qui a su me surprendre par son style, son univers et sa fin explosive et intense !

 

«-Chez nous, explique la femme, [...] ni les gens ni les lieux ne gardent longtemps le même nom.
- Mais pourquoi ?
- Parce que c'est violent [...]. Parce que c'est laid. Les noms sont pour les objets, les choses que l'on fabrique et que l'on possède. Les mots sont des prisons. Nous ne voulons pas de limites pour nous-mêmes ni pour ce que nous aimons.
»

Titre : Thecel
Auteur : Léo Henry
Editeur : Folio SF
Publication : mars 2020
Prix : 8,60€
Nombre de pages : 304

 

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