Numérique, Brevis est - Marina & Sergueï Diatchenko

 

 «Nous sommes tous enchaînés. Nous sommes tous assis devant nos écrans.»


Le résumé : 

Vita nostra brevis est, brevi finietur...

« Notre vie est brève, elle finira bientôt... »



Testeur de jeux vidéo d’une nouvelle génération ? Une aubaine pour Arsène, ce gamer surdoué d’à peine quinze ans. Mais, ce job en or, il n’est pas le seul à y postuler et la compétition sera rude.

Tout cela pour le compte de l’insaisissable Maxime, dont les desseins sont ambigus. Pur charlatan ? Aimable manipulateur ? Visionnaire d’un monde virtuel à venir ? Ou plus déconcertant encore ? « Je transfigure le matériel en immatériel et inversement. »

Entre désir et réalité, demi-vérités et faux-semblants, entre virtuel et réel, Arsène apprend à naviguer d’un monde à l’autre, là où les frontières s’estompent. Mais pour aller où ? L’enjeu est rien moins qu’innocent.
 

 

«- Celui qui peut tout ne veut plus rien. Celui qui peut presque tout ne veut presque rien. Celui qui ne peut rien veut tout avec une extrême intensité, mais c'est hors de sa portée, tu comprends ?
- Le pauvre.
- Au contraire, il a une marge de progression, la place pour grandir... Le tout-puissant est moins bien loti. Sa toute-puissance a chassé le désir, il ne veut plus rien et bascule dans la dépression.
»


Ma chronique : 

Deuxième volet du triptyque "Les Métamorphoses" de Marina et Sergueï Diatchenko,  Numérique - Brevis est est un roman que j’attendais avec beaucoup d’impatience (les tomes se lisant indépendamment). En 2020, j’avais en effet eu un gros coup de cœur pour le premier tome, Vita Nostra, qui m’avait chamboulée. Malheureusement, je suis bien en peine d’écrire une chronique sur Numérique parce que je pense être passée totalement à côté de ce roman, je ressors en effet perplexe de ma lecture.

Si le style reste efficace, fluide et prenant, j’ai vraiment été déstabilisée par l’histoire et l’univers. De façon générale, les thématiques des jeux vidéo, de l’informatique et de la réalité virtuelle sont loin d’être mes préférées et je n’ai pas réussi à être convaincue ici. J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire, j’ai trouvé l’ensemble trop nébuleux et abstrait et pendant une grande partie du roman je ne voyais absolument pas où les auteurs voulaient nous emmener. Certains dialogues m’ont paru étranges, parfois flous, j'avais parfois l'impression de ne pas tout saisir. Là où la complexité m’avait fait voyager dans Vita Nostra, elle m’a perdue voire ennuyé dans Brevis est. J’ai néanmoins senti un regain d’intérêt à la moitié du roman lorsque certains éléments entrent dans l’histoire et permettent à Arsène d'accomplir de nouvelles choses.

J’ai eu du mal à m'attacher au personnage principal, Arsène, un ado geek de 14 ans. Il se comporte tantôt comme un adulte en faisant preuve d’une (trop ?) grande maturité pour son âge et d’un esprit d’analyse impressionnant ; tantôt comme … et bien, ce qu’il est, un adolescent avec tout ce que ça implique : il passe son temps à se plaindre, à se rabaisser, à être parano, à en vouloir à ses parents et à vouloir embrasser ou coucher avec n’importe quelle fille un peu jolie. Bref, ce personnage a provoqué chez moi de l’antipathie plus qu’autre chose. Maxime est également un personnage très particulier et ambigu qui soulève de nombreux questionnements car il semble omniscient et il suscite la méfiance quant à son statut. Pour le coup, j’ai trouvé les personnages secondaires plus intéressants.

J’ai cependant beaucoup aimé la réflexion des auteurs autour des questions de l’addiction aux jeux vidéo (et aux écrans de façon générale, via l’exemple des parents d’Arsène) et de la publicité cachée qui engendrent de la manipulation et de la persuasion de masse. Marina et Sergueï Diatchenko mettent en exergue la frontière floue qui sépare la réalité du virtuel au quotidien et montrent que parfois le virtuel prend le pas sur le réel au détriment de l'individu. Les auteurs poussent le lecteur à s’interroger : jusqu'où un jeu peut mener un joueur ? De quels actes, du plus minime au plus répréhensible, sommes-nous capables afin d’assouvir le besoin de mener une vie virtuelle, parallèle, une vie autre ? Je salue la grande imagination des auteurs dans la création de cette histoire intelligente et bien menée ainsi que de ces différents mécanismes.

Je tiens à préciser que cet avis n’engage bien sûr que moi, Numérique n’était vraisemblablement pas une lecture pour moi (ou alors je l'ai lu au mauvais moment ?) Mais vu les très bonnes critiques d’autres lecteurs, si vous aviez aimé le premier tome ou si les thématiques abordées vous intéressent, je vous invite fortement à lire celui-ci ! J’attends toujours avec impatience le troisième roman qui viendra clore la trilogie des "Métamorphoses" avec une toute nouvelle histoire ! 

 

«Si tu considères que tu n'est manipulable, qu'à chaque instant de ta vie tu uses de ton esprit critique, que tu es plus intelligent que tout le monde, t'es dans la mouise. On est déjà en train de te manipuler.»

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Titre : Les Métamorphoses, tome 2 : Numérique, Brevis est
Auteurs : Marina et Sergueï Diatchenko
Éditeur : L'Atalante
Publication : mai 2021
Prix : 23,90€
Nombre de pages : 416

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