Mexican Gothic - Silvia Moreno-Garcia
Le résumé :
Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment
mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la
campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant
ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.
Avec
ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux
soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur.
Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois
troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son
invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des
visions de meurtre et de sang.
Car High Place cache bien des
secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la
préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à
peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.
«- Je me suis essayée à la peinture autrefois. Je trouvais ça logique puisque mon père travaille dans les colorants. Mais je n'étais pas douée. Je préfère les photos. Elles capturent la vérité de l'instant.
- Alors que la peinture équivaut à une très longue exposition du sujet. Elle en capture l'essence.»
Ma chronique :
J’ai été rapidement happée par le roman qui nous plonge dans le Mexique des années 50, une époque et un pays que j’ai eu peu l’occasion de côtoyer dans mes lectures. L’intrigue ne perd pas de temps et j’ai beaucoup aimé les chapitres qui racontent l’arrivée de Noemí à High Place ainsi que la découverte de cet endroit et de ses résidents. L’ambiance gothique et brumeuse est posée et on se rend vite compte que quelque chose cloche entre les murs de ce manoir.
Mexican Gothic n’est pas véritablement un roman d’horreur pure : plutôt que de terroriser son lecteur il instaure une atmosphère malsaine et inquiétante au fil des pages. L’autrice s’inspire et mélange différents univers tels que ceux de Bram Stoker et Emily Brontë. Les histoires de manoirs isolés, étranges et hantés sont très classiques mais ici ça fonctionne plutôt bien. D’autant plus que le manoir est fascinant car il semble devenir petit à petit une entité, un personnage à part entière : palpitant et vivant, à la fois prison et geôlier.
J’ai trouvé Noemí parfois agaçante dans son rapport femme/homme sans cesse dans la séduction alors que par moments ça ne s’y prêtait pas du tout. Elle a un côté frivole assumé mais parfois elle m’a paru plus superficielle qu’autre chose alors qu’on sait au fur et à mesure qu’elle est avant tout une femme cultivée qui fait des études d’anthropologie et qui s'intéresse à l'histoire, à la musique, à la littérature. À part cela, Noemí n’en reste pas moins une femme forte et courageuse à laquelle on s’attache et qu'on espère voir s'en sortir.
J’ai aimé la mise en avant de l’imagination qui était constamment faite : Noemí se perd à plusieurs reprises dans ses pensées en imaginant certaines scènes et se retrouve stupéfaite des images créées par son esprit. Mais l’imagination c’est aussi la frontière poreuse entre le réel et le rêve. Noemí et le lecteur se retrouvent à ne plus pouvoir démêler le vrai du faux. Entre hallucinations et cauchemars, le chemin vers la paranoïa est inévitable et on en vient à ne plus faire confiance à la véracité des faits dont notre héroïne est témoin. Les contes de fée sont également souvent mentionnés comme la porte de sortie d'une réalité fade vers un univers fantasmé.
L’autrice met astucieusement en scène plusieurs chocs des cultures et des mondes, que ce soit entre le Mexique et l’Angleterre, entre la mondanité et le dénuement, entre les riches et les pauvres. Ces oppositions lui permettent d’aborder et de dénoncer des thématiques diverses : le manque d’indépendance de la femme dans une société patriarcale et restreignante, les colons européens racistes qui se croient tout-puissants et tout permis en soumettant et maltraitant les classes ouvrières et populaires. Elle place son héroïne, Noemí, en porte-parole des femmes et des mexicains qui lève la voix face aux différents oppresseurs.
Je dois dire que je m’attendais tout de même à mieux en lisant Mexican Gothic, vu la bonne presse dont il a fait l’objet. Il y a selon moi un manque de prise de risques et un manque d’originalité pour le côté horreur. L'histoire reste en effet très classique. J’ai trouvé l’écriture assez froide et manquant d’émotion ce qui m’a parfois empêchée d’être totalement plongée dans la lecture. De plus, le dernier tiers du roman m’a moins accrochée, j’ai notamment trouvé la fin précipitée et un peu facile. Ça reste tout de même une bonne lecture qui se lit vit et qui prend place dans un contexte historique intéressant à découvrir.
«La réalité du mariage soutenait difficilement la comparaison avec les belles histoires d'amour des livres. Noemí pensait même qu'il s'agissait d'un jeu de dupes. Les hommes se montraient polis et attentionnés lorsqu'ils courtisaient une femme, l'invitant à des fêtes, lui offrant des fleurs, sauf qu’après les noces, les fleurs fanaient vite. Un homme marié n'envoyait pas de lettres d'amour à sa femme.»
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Titre : Mexican Gothic
Autrice : Silvia Moreno-Garcia
Éditeur : Bragelonne
Publication : août 2021
Prix : 18,90€
Nombre de pages : 352
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