Les Maîtres enlumineurs, tome 2 : Le retour du hiérophante - Robert Jackson Bennett

 

«- Souvenez-vous : un enlumineur crée des choses à partir du néant.? C'est peut-être ce que vous tentez de faire ici. Mais, à la fin, la magie arrête toujours de fonctionner et les illusions se dissipent.»

 

Ma chronique du tome 1 des Maîtres enlumineurs

 

Le résumé : 

Une des quatre maisons marchandes de Tevanne est tombée. Sancia Grado et ses associés ont non seulement changé l’histoire de la cité, mais ils ont aussi créé Interfonderies dans le but de démocratiser l’art magique de l’enluminure. Mais la jeune entreprise a beau accomplir des prouesses, celles-ci ne suffisent pas à la maintenir à flots. Non seulement la concurrence est rude, mais les grandes maisons marchandes de Tevanne sont prêtes à tout pour écraser Sancia et l’idéal qu’elle représente.
Alors que la situation est déjà bien précaire, une ancienne puissance vogue en direction de Tevanne : un hiérophante. Un adversaire qui connaît et maîtrise l’enluminure mieux que personne, qui est en outre très intéressé par Sancia et ses pouvoirs.
Pour survivre à cette menace qui la dépasse et sauver ceux qu’elle aime, la jeune femme devra percer le secret le mieux gardé de l’univers, celui des origines de l’enluminure.

 

«- On ne peut pas contrôler l'innovation ! On ne peut pas structurer la manière dont les gens inventent ! Ce n'est pas comme ça que ça marche ! Créer et inventer est un processus laid, stupide, aléatoire et dangereux, à l'image de l'humanité. La plupart des trucs vraiment brillants que j'ai découvert l'ont été par pure coïncidence ! On ne peut pas imposer l'ordre à une chose qui est, dans les faits, le désordre incarné.»

Ma chronique :

Quel plaisir de retrouver l’univers original de Tevanne et la troupe hétéroclite de personnages que forment Sancia, Bérénice, Gregor et Orso ! Pour rappel, Les Maîtres enlumineurs a été un de mes coups de cœur de début 2021 et j’avais extrêmement hâte de lire la suite. Fidèle à son prédécesseur, ce tome 2 commence en pleine mission dangereuse et nous plonge directement dans l’action après une ellipse de trois ans. Grâce à quelques rappels sans lourdeur, on retrouve très facilement ses marques.

Comme le titre de ce tome l’indique, la nouvelle menace qui fait face à Sancia est de plus grande ampleur. Le hiérophante, l’un des enlumineurs les plus anciens et puissants que ce monde ait connu, est de retour et il n’est pas venu pour rigoler. J’ai vraiment adoré le passage où toute l’équipe part à la rencontre du hiérophante pour interférer avec ses machinations : le plan pour s’introduire sur le galion est haletant et plein de rebondissements et l’atmosphère sur le bateau est oppressante et glauque. L’arrivée du hiérophante instaure un apparent manichéisme entre le bien et le mal mais finalement, et  heureusement,  il s’avère être plus intéressant que le simple grand méchant qu’on nous présente depuis le tome 1.

 

 Le rythme est soutenu, parfois même effréné, l’entièreté du roman se passant seulement sur quelques jours. C’est toujours aussi palpitant de suivre Sancia dans ses péripéties, surtout qu’elle est désormais durablement bien entourée. Les missions pour sauver le monde s’enchaînent parfois un peu trop facilement et vite pour que ça paraisse plausible mais il n’y a en tout cas aucun temps mort, le lecteur est tenu en haleine tout le long du roman. Les derniers chapitres sont explosifs et promettent un dernier tome radicalement différent dans un cadre tout nouveau.

Dans ce tome 2 on n'a bien sûr plus l’effet de surprise de la découverte de l’enluminure et de ses usages, mais l’auteur parvient parfaitement à se renouveler avec des utilisations de l'enluminure pleines d'intelligence, d’inventivité et de logique (j’ai absolument adoré un des systèmes de "fusion" créé dans ce tome, mais je n’en dit pas plus...) On commence doucement à en découvrir plus sur les origines de l'enluminure, un art décidément bien entouré de mystères, et c'était très intéressant ! Une des thématiques centrales est celle du temps enluminé et apporte une grande part de complexité à l’intrigue.

Le développement des personnages est approfondi et leur évolution est bien construite, bien menée. S’il y a encore une fois beaucoup d'actions, il y a aussi plus d'émotions que dans le tome 1 avec tout un pan de l’intrigue centré sur Gregor ainsi que la relation amoureuse entre Sancia et Bérénice. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur le passé de Gregor qui devient un personnage très touchant. Avec sa plume très visuelle, Robert Jackson Bennett met un point d’honneur à détailler minutieusement les descriptions des visages et des expressions faciales qui retranscrivent à merveille les émotions des personnages. Les dialogues sont parfois un peu mécaniques et manquent d’authenticité mais c’est toujours aussi agréable à lire et les mots d’esprit de Sancia ainsi que les éclairs de génie d’Orso et de Bérénice sont savoureux.

Le retour du hiérophante est donc la suite très divertissante, mais d’un niveau légèrement en dessous, d’un roman qui avait été un coup de cœur. L’auteur reste dans la même veine que le premier tome tout en se renouvelant et en apportant des éléments intéressants et inventifs. Les personnages gagnent en profondeur et l’intrigue se complexifie, promettant un dernier tome en apothéose !

 

«Il est bien triste que pour réparer un monde monstrueux l'on doive devenir quelque peu monstrueux soi-même.»

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Titre : Les Maîtres enlumineurs, tome 2 : Le retour du hiérophante (titre VO : The Founders trilogy, book 2 : Shorefall) 
Auteur : Robert Jackson Bennett
Editeur : Albin Michel Imaginaire
Publication : septembre 2021
Prix : 24,90€
Nombre de pages : 626