La Guilde des Ombres, tome 1 : Le Don de mort partie 2 - Anna Triss

 

«Le Bien et le Mal absolus n'existent pas.
Le bien est une notion subjective conditionnée par le masque de la moralité.
Le mal dépend de quel point de vu on se place, il est aussi relatif que son jumeau.
L'un ne va pas sans l'autre. Prends les êtres qu'il aime à un homme qui a été bon toute sa vie et il peux devenir le pire des assassins.
Accorde le pardon à un criminel et il peut se transformer en modèle de vertu.
La Vie n'est pas le Bien. La Mort n'est pas le Mal.»

 

Chronique de la partie 1 du tome 1

 

Le résumé :

Sanguine ne ressemble à aucune autre. Elle peut tuer par simple contact. Ses liens avec Faucheur deviennent plus intimes que jamais, mais les événements se compliquent pour la jeune femme. Les complots politiques, comme les desseins des dieux, paraissent se resserrer autour de sa gorge, telle une corde sinueuse. Et si sa destinée n’était pas seulement de devenir une Ombre prodigieuse ?  

 

«- On naît en se baignant dans la lumière, on vit dans la grisaille, on meurt en sombrant dans les ténèbres ; mais naître et mourir, ce n'est pas le plus compliqué. Vivre en adéquation avec soi-même, voilà la véritable épreuve. C'est la plus douloureuse des trois étapes existentielles.
- Ce qui compte, c'est ce qu'on accomplit entre le premier souffle qu'on inspire et le dernier souffle qu'on expire, compléta-t-elle à voix basse.»

 

Ma chronique :

Dans cette seconde partie du premier tome de La Guilde des Ombres, on reprend l’histoire là où on s’était arrêté. On en apprend notamment plus sur la chronologie de cet univers riche créé par Anna Triss et en particulier sur la chute de l'empire et de son dirigeant sanguinaire ainsi que sur le passé des elfes, elfides et dragons.

Tout comme dans la première partie, je reproche un petit manque de rythme au roman. Il y a des longueurs et l’intrigue peine à avancer dans les deux premiers tiers. L’intrigue est pourtant intéressante car on suit Panama, devenue assassin sous le nom de Sanguine, dans quelques-unes de ces missions d’assassinats mais cet aspect de l’histoire est mis au second plan par rapport à la romance. Heureusement le dernier tiers est vraiment palpitant, bourré de rebondissements, de révélations, de trahisons et d’actions. Il relève clairement le niveau du livre à mes yeux.

Car j’avoue que pendant ma lecture j’ai eu beaucoup de mal : les scènes de sexes sont excessivement nombreuses et m’ont agacées voir mises mal à l’aise. Je ne suis pas le genre de public friand de ces scènes (ou à petite dose) mais là j’avais juste hâte qu’elles se finissent car elles n'apportaient pas grand chose. Avec le recul, l'autrice nous plonge très bien dans le cercle vicieux dans lequel Panama se retrouve mais j’ai eu la désagréable impression que la relation toxique était romantisée et que les actes horribles et répréhensibles de certains personnages n'étaient pas condamnés. De plus, j’ai été assez déçue par la vision des femmes qui nous est proposée. Les personnages féminins sont déjà peu nombreux mais elles ont en plus quasiment toutes subies des violences sexuelles ou physiques… Les femmes qui se construisent et deviennent fortes parce qu’elles ont été maltraitées et violées, c’est un trope qu’on a bien trop vu et qui est problématique à bien des égards. 
 
Concernant les personnages, j’avais eu du mal à m’attacher à Panama dans la première partie mais je l’ai beaucoup appréciée ici. Bon, elle prend certes des décisions stupides et parfois peu logiques (mais je rappelle qu’elle a 16 ans) mais sa psychologie et son évolution sont intéressantes. Elle commence à se poser des questions sur le bien-fondé de la Guilde dont elle remet en question les pratiques, elle n’hésite pas à élever la voix face à ses supérieurs (à ses risques et périls) et rêve d’un avenir loin de son statut d’assassin où elle pourrait fonder sa famille. La jeune femme est en pleine quête d’identité, elle se construit petit à petit comme une figure féminine forte malgré ses failles et portée par ses idéaux.

Bon, et je retire ce que j’avais dit sur Khamar : il ne fait plus partie de mes personnages préférés. Dans cette partie, le Haut-Maître se dévoile dans son entièreté. Il est cruel, manipulateur et possessif et à chaque page je le détestais un peu plus. Pour ce personnage Anna Triss a réussi son coup et parvient à malmener le lecteur à la perfection : on passe d’un personnage mystérieux et attractif qu'on a envie de découvrir plus au pire des salauds sans avoir le temps de dire ouf. Bonjour l’ascenseur émotionnel !

J’aurais aimé avoir plus de chapitres sur Beladyn qui est vraiment un personnage que j’ai commencé à beaucoup aimer dans cette seconde partie. C’est un personnage animé par de belles questions morales et éthiques, j’ai très hâte d’en apprendre plus sur lui dans les prochains tomes. Les chapitres sur Jillian sont malheureusement un peu trop anecdotiques et relèguent ce personnage à un simple niveau de figurante pour le moment.

Une lecture un brin mitigée donc. Trop de scènes de sexe et de romance à mon goût, quelques aspects problématiques mais l’univers, les personnages et les autres intrigues me plaisent beaucoup. Je vous avoue que pendant ma lecture je me demandais si je lirai la suite mais le dernier tiers est génial et m’a tellement scotchée que je vais tout de même continuer l’aventure.  
 

«- Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne auparavant et je t'aimerai jusqu'à ce que je ne sois plus que poussière.
- Je t'aime aussi, mais va te faire foutre, répondit-elle en reniflant.»

 Titre : La Guilde des Ombres, tome 1 : Le Don de Mort, partie 2
Autrice : Anna Triss
Éditeur : Plume Blanche
Publication : mars 2021
Prix : 20€
Nombre de pages : 564

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