Méduse - Martine Desjardins

 

«Je n'ai jamais versé une larme de ma vie. Ni de tristesse, ni de colère, ni de détresse, ni de douleur - encore moins de rire ou de bonheur. Pas la moindre petite larme de crocodile.»

Le résumé :

On la surnomme Méduse depuis si longtemps qu’elle en a oublié son véritable prénom. Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. Elle-même n’a jamais osé se regarder dans un miroir.
Placée dans un institut pour jeunes filles à la merci d’adultes peu scrupuleux, Méduse n’a de cesse d’accéder à la bibliothèque des lieux, seul moyen pour elle de s’ouvrir à la connaissance du monde. À force de ruse et de prise de conscience des pouvoirs de ses globes oculaires, qu’elle se garde longtemps de dévoiler, elle nous entraîne dans sa croisade contre l’oppression et la honte du corps.

«À vrai dire, on ne se douterait jamais que les méduses sont venimeuses. Tu vois, même la beauté la plus fragile peut être monstrueuse.»


Ma chronique :

Avec son roman Méduse, Martine Desjardins réinvente le mythe antique de la gorgone Méduse de façon moderne et gothique. C’est un récit clairement atypique qui propose une expérience de lecture qui ne laisse pas indifférent.

Le roman fait un peu plus de 200 pages et les chapitres très courts, d’à peine quelques pages, donnent du rythme à la lecture mais hachent parfois un peu les actions et le déroulé des événements. La plume est très belle, poétique et soutenue avec une recherche très poussée dans le vocabulaire et l’utilisation de mots rares. Il y a de belles tournures de phrases même si on frôle parfois le pompeux. J’ai ressenti une distance avec le personnage de Méduse qui est froide mais j’ai tout de même eu de l’empathie pour cette jeune fille rejetée, isolée et j'ai été en colère vis-à-vis de ce qu'elle vit et subit.  

L’intrigue repose sur le mystère des yeux de Méduse qui provoquent des réactions extrêmes à quiconque les croisent. Pendant tout le roman, le lecteur s’interroge et ne peut qu’imaginer la monstruosité sans cesse évoquée de ces yeux. D’autant plus que Méduse développe, au fur et à mesure des épreuves et expériences auxquelles elle est confrontée, des pouvoirs magiques. C’est d’ailleurs sur ce point que j’ai eu du mal à bien saisir la frontière entre la réalité, le surnaturel et le métaphorique au sein de l'histoire.

C’est un roman court mais intense dont se dégage un fort sentiment d’étrangeté voire de malaise à plusieurs reprises avec des passages sombres et dérangeants. Véritable ode au pouvoir et à l’émancipation de la femme, Méduse délivre un message fort et féministe de façon métaphorique. L’autrice dénonce avec ce texte la pression sociale qui est exercée sur les femmes et en particulier les normes de beauté de la société, mais aussi le poids du regard des autres, les violences faites aux femmes, le harcèlement, l’injustice... 

 Ma note :


«La beauté se trouve dans l’œil de celui qui regarde, dit-on, et tu as peut être la faculté de voir à travers les imperfections, au-delà des apparences...»


Titre : Méduse
Autrice : Martine Desjardins
Éditeur : L'Atalante
Publication : août 2023
Prix : 15,50€
Nombre de pages : 208
ISBN : 9791036001604

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