La saga Blackwater - Michael McDowell

«La capacité des Caskey à surprendre Perdido semblait inépuisable.»

 

Le résumé :

Bienvenue à Perdido ! Venez découvrir ce coin tranquille de l’Alabama aux rues cossues, gouverné par de riches familles, et qui doit tout à ses rivières. Des rivières généreuses, mais aussi dangereuses, qui donnent et qui prennent. Voyez-les bouillonner au pied des maisons, entendez leur écho dans le bourdonnement des scieries, sentez-les perturber le cours paresseux de la vie…

Ces flots boueux, capables de vous aspirer par le fond et de ne jamais rendre votre corps, cachent des mystères insondables. Qui sait ce qui se passe la nuit, quand les manigances s’apaisent, quand l’argent dort enfin, et que les ambitions se sont tues ?

Et qui est cette Elinor Dammert, jeune beauté aux cheveux ocre, merveilleusement apparue un jour de crue, et qui vient perturber l’équilibre en place ? Que dissimule-t-elle derrière son sourire affable ? Et quel lien étrange entretient-elle avec la Perdido ?

 

«Peu importe les épreuves endurées, peu importe la souffrance et les erreurs, peu importe ce à quoi on a renoncé et à quoi on aurait dû s'accrocher, peu importe à quoi on s'est accroché et à quoi on aurait du renoncer, peu importe ce qui nous a rendu malheureux, il ne faut pas souhaiter qu'il en ait été autrement.»

 

Ma chronique :

Commencée il y a un peu plus d’un an, j’ai continué la saga Blackwater de Michael McDowell en 2023 en enchaînant la lecture des tomes 4 à 6 ces dernières semaines. J’avais écrit une chronique sur le tome 1 (disponible ici) mais plutôt que d’en écrire une pour chaque tome, car je n’aurais pas énormément de chose à dire et ça risquerait d’être répétitif, je préfère me lancer dans une chronique donnant mon point de vue global sur la saga.

L'ensemble a été très agréable à lire même si j’ai trouvé l’enchaînement de tomes légèrement en dents de scie : j’ai beaucoup aimé les tomes 1, 3 et 5 mais j’ai trouvé les tomes 2, 4 et 6 plus longuets et moins surprenants. Le tome 3, intitulé La Maison, est mon préféré : c’est celui qui m’a le plus marqué notamment avec la scène de l’attaque de la maison en pleine nuit et une plus grosse part donnée au mystère et au fantastique. Mais je regrette tout de même la présence si ténue du fantastique (et ça m’étonne d’ailleurs que ces livres soient parfois classés en épouvante-horreur).

Au fil des tomes, la famille Caskey s’agrandit sur plusieurs générations. Le lecteur accompagne certains personnages depuis leur naissance et les voit grandir, vivre des expériences variées, ou bien les accompagne dans leur fin de vie. On s’attache à certains personnages et on en vient à détester ou à être agacé par d’autres. J’ai aimé voir les accointances se former, les querelles évoluer. J’étais curieuse de voir où l’auteur nous emmenait et quel sort il réservait à ces personnages et à la ville de Perdido avec pour toile de fond la guerre.   

Dans Blackwater, ce sont les femmes qui dirigent de façon visible et invisible le clan Caskey et contribuent à sa fortune. Les personnages féminins sont bien représentés avec des figures fortes qui s’imposent dans un monde d’hommes et se libèrent du joug patriarcal par leurs actions et propos, chacune à sa manière. Mais on en arrive à un point où presque tous les personnages masculins sont dépeints comme idiots et inutiles, et c’est un peu dommage. Dommage également que l’une des seules femmes du clan, pilier de la fortune des Caskey, affirme son émancipation et sa volonté de ne pas se plier aux normes car elle ne souhaite ni époux ni enfant pour au final prendre cette voie…

Car la maternité est très présente dans la saga avec des figures maternelles diverses qui posent la question des valeurs que l’on transmet aux enfants. Mais j’ai été assez dérangée par une thématique qui revient comme un leitmotiv au fil des tomes et touche plusieurs personnages : celle du "vol" ou "échange" d’enfant. Les querelles internes des Caskey poussent certains personnages à vouloir s’approprier les enfants des autres afin de les élever. À chaque naissance, les habitants de Perdido attendent avidement de voir qui prendra la garde du nouveau-né. Ça m’a semblé assez problématique, j’ai eu du mal à saisir le message derrière cela et à en comprendre l’intérêt.

Blackwater est donc une saga efficace et addictive à lire qui propose un bon divertissement même si elle reste en surface sur certains points. Si la plume ne permet pas toujours de ressentir de l’empathie ou un réel attachement aux personnages, j'ai apprécié suivre les péripéties et enjeux familiaux des Caskey. Le dernier chapitre du tome 6, chargé en émotions et en symboliques, clôt cette saga familiale en faisant écho au chapitre d’ouverture du premier tome. La boucle est bouclée mais quelques questions restent sans réponse.

La saga Blackwater de Michael McDowell est à retrouver chez l'éditeur Monsieur Toussaint Louverture, en 6 tomes format poche (également disponible en coffret limité).

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