La grande année des goètes - Searth Cabal
«Goétie : du grec goêteia - sorcellerie.
Magie recourant aux mauvais esprits, par opposition à la théurgie.»
Le résumé :
«- Le rituel qui t'as mis au monde remonte à un temps reculé où la foi et la magie étaient liées. Il y avait des pratiques punissables, mais l'on priait toutes les puissances, y compris les plus obscures... et puis,une nouvelle fois est née. Elle a déclaré la magie contraire à la religion. Elle considérait que c'était l’œuvre de démons, c'est-à-dire non plus des esprits bons ou mauvais, mais des anges déchus.»
Ma chronique :
La Grande année des goètes est une brique de plus de 700 pages
de fantasy historique qui a tout pour intriguer car l’auteur et la maison
d’édition m’étaient inconnus. Ce premier roman ambitieux nous plonge dans l’Europe
de la fin du XVIe siècle alors que la religion a banni la magie et qu’un
nouveau pape doit être désigné à Rome. Angus Grey, héritier d’une famille de
sorciers anglais, a choisi de rejoindre une cabale qui manigance dans l’ombre
pour faire revenir sur le devant de la scène les goètes. Pour cela, il invoque
un démon puissant mais tout ne se passe pas comme prévu. Avec son nouveau familier,
Karb, il va voyager jusqu’en Italie, en passant par la France.
Ce qui frappe tout de suite c’est le langage soutenu avec un vocabulaire très riche et l’utilisation de mots peu courants voire rares. Cet aspect m’a bien plu car c’est agréable de lire un texte dans lequel l’auteur s’est investi et a fort travaillé pour proposer quelque chose qui change. En revanche, ça occasionnait parfois quelques lourdeurs à la lecture et l’ensemble manque donc de fluidité. J’ai également trouvé dommage que les phrases en latin, allemand, italien ou espagnol ne soient pas traduites pour assurer une meilleure compréhension (sans avoir à chercher la traduction sur un internet)
Je n’ai malheureusement pas du tout accroché à Angus Grey. Je comprends la volonté de faire du personnage principal d’un roman un anti-héros mais il est si antipathique, colérique, égoïste et menteur que je n’ai éprouvé aucun attachement pour lui ni aucun intérêt pour son parcours. Je n’ai pas compris ni adhéré à sa méchanceté gratuite (principalement envers le pauvre Karb) et je n'étais pas touchée par les moments où il est en difficulté. Si l’auteur voulait qu’on déteste son protagoniste, c’est réussi. Le petit démon Karb est en tout cas le personnage que j’ai préféré, il est certes souvent agaçant mais est néanmoins touchant dans sa naïveté. On le voit découvrir le monde et comprendre peu à peu les enjeux dans lesquels il est impliqué malgré lui.
Au fur et à mesure des chapitres, de nouveaux personnages
sont introduits et se greffent au périple d’Angus. Je les ai tous trouvé plus
intéressants qu’Angus même si certains auraient pu être plus développés (Valère
et Simon qui restent finalement mystérieux alors qu’ils avaient un bon potentiel). Les points de vue des différents personnages se succèdent au sein d’un
même chapitre mais je passais mon temps à m’y perdre ou à essayer de deviner de
qui il était question car les premières lignes des paragraphes ne sont faites
que de « il » et ne mentionnent jamais quel personnage on suit. De la
même façon, les dialogues n’étaient pas toujours clairs et je me demandais
souvent quel personnage parlait.
J’ai trouvé que certains aspects de l’intrigue étaient
sous-exploités. Les pouvoirs et capacités magiques des personnages et surtout
du protagoniste Angus étaient très peu mis en avant voire pas expliqués. Je ne
sais pas si c’est parce que j’étais perdue dans ma lecture mais j’ai mis
beaucoup de temps à comprendre que c’était le statut de nécromant d’Angus qui induisaient
certaines particularités chez lui. De la même manière, la « table du
destin », le livre qui accompagne Karb, est sans cesse évoqué comme étant
une source de puissance énorme mais j’ai eu du mal à bien saisir l’étendue de
ses pouvoirs. En revanche, l’auteur détaille énormément tous les aspects
historiques, religieux et sociaux de cette époque, parfois de façon indigeste et
souvent trop scolairement mais, au moins, le contexte est posé.
La Grande année des goètes fut une lecture extrêmement dense, parfois fastidieuse, que j’ai mis du temps à lire du fait de la complexité de ses références et de son intrigue. Il y a de très bons éléments dans cette histoire mais les longueurs (dont un début particulièrement long au démarrage), le manque de clarté et le protagoniste détestable m’ont empêché de profiter pleinement de cette expérience. Je salue tout de même le travail titanesque de l’auteur au niveau des recherches historiques ainsi que sa plume qui se démarque.
Ma note :
«Mille ans plus tôt, la peste affligeait Rome. La populace, lasse de l'art hésitant des physiciens et des prêtres, se tournait vers les idoles de l'ancien temps. Petit à petit, la goétie reprenait ses droits. Sorciers et nécromants recouvraient leur empire. Le flambeau de l’Église faiblissait. Le sombres, lentement, l'éteignaient.»
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Merci à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce roman !
Auteur : Searth Cabal
Editeur : Open Strange Doors
Publication : janvier 2024
Prix : 24,90€
Nombre de pages : 753
ISBN : 9782493416001
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