Fille du Destin, tome 1 : Les Émeutes de la nuit sans lunes - Kika Hatzopoulou


«Les nés-moire venaient toujours pas trois, comme les Moires, les déesses du Destin elles-mêmes.
L'aînée, la fileuse, était capable de créer de nouveaux fils. La cadette, la raccommodeuse, pouvait allonger ou raccourcir n'importe quel fil, intensifiant ou affaiblissant le sentiment correspondant. Quand à la troisième, la trancheuse, elle avait le pouvoir de couper tous les fils, y compris celui de vie.»

Le résumé :

A Alante, la cohabitation est difficile entre les humains et les héritiers des dieux. Minoritaires, ces derniers sont traités en parias.
Io, descendante de l'une des déesse du Destin, peine à joindre les deux bouts. Capable de déceler les fils de vie de chacun, elle utilise ses pouvoirs de née-moire pour mener des enquêtes sans envergure... jusqu'au jour où sa vie bascule : Io assiste à un meurtre. Un meurtre perpétré par une femme au fil de vie coupé.
Impossible. Impensable.
Chargée de résoudre ce mystère plus politique qu'il n'y paraît, Io est forcée de travailler avec celui qu'elle fuit depuis des années : Edei Rhuna, avec qui elle partage un fil d'argent, le désignant comme son âme-sœur...


«- La destinée nous prive de nos choix, et je refuse de vivre comme ça.»

Ma chronique : 

Ce premier tome de Fille du destin propose une fantasy young adult d’inspiration mythologique. À Alante, les sans pouvoir et les nés-autrement se côtoient mais ces derniers subissent de la discrimination et sont exclus par les premiers. Les nés-autrement sont des personnes dotées de pouvoirs hérités des dieux et déesses qui ont désormais disparus. Io est une née-moire, une trancheuse, elle peut voir les fils de destin et de vie des gens et les couper. En tant que détective privée, elle assiste à un meurtre bien particulier car il est commis par une femme dont le fil de vie est coupé, ce qui est strictement impossible.

 J’ai beaucoup aimé cette lecture qui mêle habilement enquête, fantastique, mystères et complots. L’autrice s’approprie la mythologie grecque (les mythologies slaves et égyptiennes aussi dans une moindre mesure) d’une façon vraiment originale et captivante. Chaque né-autrement possède un don aux multiples facettes et utilisations possibles qui vient du dieu ou de la déesse dont il est le descendant. Et il vaut mieux être calé en mythologie car les dieux, pouvoirs et personnages concernés sont multiples. J’ai trouvé dommage qu’il n’y ait pas un petit mémo pour recenser tout cela et faciliter la compréhension. Le début de l’histoire est assez introductif, avec beaucoup d’informations à assimiler, mais on enchaîne ensuite avec des scènes d’action, de baston, de course-poursuite et des confrontations qui donnent lieu à des révélations et retournements de situation (malgré quelques deus ex machina et éclairs de génie parfois un peu trop faciles qui permettent de faire avancer l’intrigue)

 L’univers créé est intéressant : on est sur un monde qui a été bouleversé par la mort des dieux, évènement qui a eu un impact sur l’environnement (plusieurs lunes, montée des eaux, brouillard) et sur la population (émeutes, guerre de gangs) Les nés-autrement ne sont pas bien vus par les personnes sans pouvoirs et certains se sont regroupés en gangs. Les quartiers populaires d’Alante sont donc dangereux et on y pratique des activités illégales. L’ambiance générale est dont plutôt sombre, parfois oppressante, d’autant plus depuis que des meurtrières mortes-vivantes sévissent au nom d’une prétendue justice. Le roman aborde aussi la thématique de la lutte des classes où les habitants du Marais (quartier populaire) sont opposés à la Colline (quartier aisé)

 J’ai beaucoup apprécié les personnages que j’ai trouvé globalement bien traités et bien construits, avec des nuances appréciables. La protagoniste Io a une très belle évolution au fil des chapitres. D’abord très en retrait et discrète, ensuite elle s’affirme et décide d’assumer ses décisions, choix et propos. Les liens avec ses deux sœurs sont plus exploités à partir de la seconde moitié du roman et on découvre au fur et à mesure leurs affinités et discordes mais surtout leur passé et ce qui a mené l’aînée à les abandonner. L’accent est fortement mis sur la sororité, l’importance de la famille (de sang mais aussi de cœur) mais l’autrice montre aussi qu’on est légitime à fuir la toxicité des autres même si ce sont des membres de la famille. La romance qui se tisse peu à peu ne prend pas toute la place dans l’intrigue et je l’ai trouvé bien amenée, pas précipitée et basée sur un concept qui change.    

Les Émeutes de la nuit sans lunes fut donc une super lecture à l’écriture immersive, sensible et vectrice d'émotions, où j’ai adoré suivre l’attachante Io dans ses péripéties à travers des chemins semés d’embûches. J’ai hâte de lire la suite pour voir où les pas de notre protagoniste vont la mener mais aussi comment l’autrice va exploiter les divers pouvoirs de son univers.

Merci à Babelio et La Martinière pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse critique !

Ma note :



«Trois corps, une seule âme. Quand une sœur a besoin des autres, celles-ci accourent sans poser de question.»

Titre : Fille du Destin, tome 1 : Les Émeutes de la nuit sans lunes
Autrice : Kika Hatzopoulou
Editeur : La Martinière jeunesse
Publication : janvier 2024
Prix : 20€
Nombre de pages : 416
ISBN : 9791040116660

Commentaires