Les Voleurs de fumée, tome 1 - Sally Green

 

«Il existe une sainte trinité qui attire inexorablement les masses. L'ennui, la curiosité et la soif de sang. Et cette dernière est la plus puissante des trois.»

Le résumé :

Une princesse visionnaire qui ne laissera personne lui dicter sa conduite.
Un soldat idéaliste déchiré entre son cœur et ses devoirs.
Une chasseuse intrépide traquant la plus dangereuse des proies.
Un traître déterminé à venger le sang de son peuple.
Un voleur insaisissable qui multiplie les faux-semblants.
Un monde immense et magique au bord du chaos, dont la clé se trouve peut-être au fond d’une bouteille de fumée...

 

«Les gens méprisent, rabaissent ou ignorent les femmes.
Mais lorsque je représente mon pays,
je ne suis plus une femme : je suis une nation,
un peuple et une reine.»

 

Ma chronique :

Les Voleurs de fumée est un roman (une trilogie même !) qui me tentait beaucoup depuis sa sortie en VO, j'étais donc ravie que les éditions J'ai Lu traduisent le tome 1 et je me suis empressée de le lire. (Bon, la comparaison à Game of Thrones en quatrième de couverture me faisait un peu peur parce que c'est devenu une facilité et une mauvaise habitude chez les éditeurs de comparer leurs nouvelles sorties avec des œuvres à grand succès, mais il y a finalement peu de similitudes selon moi) Dès les premières pages j'ai été happée dans ma lecture où l'intérêt est suscité et les questionnements fleurissent. La mise en place du contexte, de la géopolitique et la présentation des personnages sont très captivantes et l'histoire est rapidement prenante. L'autrice aborde et dénonce des thématiques diverses et variées : la guerre, les génocides, l'esclavagisme, le racisme, la condition de la femme ou encore le libre-arbitre entravé. Les chapitres sont courts, ce qui donne du rythme à la lecture mais ils sont parfois trop courts à mon goût, ce qui décompose les péripéties sur plusieurs chapitres éloignés. Il y a également un certain déséquilibre entre la longueur des chapitres : ceux de Catherine sont les plus longs tandis que ceux de Tash sont moins nombreux et brefs.
 
Dans ce roman sous forme de récit choral, on suit plusieurs personnages qui incarnent et représentent des milieux, peuples et statuts différents au sein de cultures variées. L'autrice parvient à créer une attente car le lecteur en vient à se demander quand et comment les chemins de ces personnages vont se croiser. J'ai trouvé que les personnages, leur psychologie et en particulier les relations et dialogues entre eux étaient bien développés. Mais tout cela au détriment de l'univers. Je trouve en effet que l'autrice ne délivre pas assez d'informations sur ce monde qu'elle a crée, que ce soit d'un point de vue historique, religieux, social ou encore culturel par exemple. De plus, je regrette un certain manque d'originalité dans la construction de l'univers : à part les démons et leur fumée, encore très mystérieux à ce stade de la trilogie, il n'y a pas beaucoup d’éléments qui sortent du lot et se démarquent par leur inventivité. Mais ce n'est pas forcément une faiblesse car on part ici sur des bases connues et facilement assimilables donc tout à fait adaptées au public cible grands ados/jeunes adultes.

J'ai adoré le personnage de la jeune chasseuse de démons, Tash, qui est attachante, forte tête et déterminée dans ce qu'elle fait. Le duo qu'elle forme avec Gravell est à la fois drôle et touchant. Catherine et March ont tous deux une belle évolution et les chapitres sur eux m'ont beaucoup plu. On ne peut qu'avoir de l'empathie pour Catherine et son statut de femme au sein de la société ultra patriarcale du Brégant. Son frère et son père sont en revanche un peu trop clichés et manichéens dans leurs rôle d'antagonistes cruels et misogynes, il n'y a pas une once de bonté ou de bienveillance en eux. J'ai également beaucoup aimé le prince Tzsayn qui, même s'il apparaît tardivement dans ce tome, semble être un personnage complexe et profond que j'ai hâte de retrouver dans la suite. De façon générale, j'ai moins aimé le personnage d'Edyon qui manque de profondeur et d'intérêt à mon sens et Ambrose m'a laissé de marbre dans son rôle de chevalier servant parfait épris de sa princesse. On peut reprocher quelques facilités : nos cinq héros trouvent des solutions rapidement, s'en sortent toujours, sont sauvés in extremis.

L'intrigue propose peu de surprises ou de rebondissements mais elle ne souffre pas de longueur non plus. L'écriture est fluide et il se passe beaucoup d'événements et de péripéties qui font qu'on ne s'ennuie pas. Même si elle n'est pas dénuée de défauts et de facilités scénaristiques, cette lecture a donc été prenante voire palpitante par moments. Sally Green génère une véritable montée en puissance et en violence sur la fin de son récit. La fin abrupte pourra en frustrer plus d'un mais ce qui est certain c'est qu'en refermant ce livre on a forcément l'envie de lire la suite car de nombreuses interrogations restent en suspens. J'ai hâte d'en savoir plus sur les démons, sur leur monde et sur la fumée (ses origines, ses vertus, l'ampleur de son pouvoir ou encore les conflits qu'elle va immanquablement générer) qui apportent des touches de magie et de mystère à cet agréable récit de fantasy. Et c'est avec plaisir que je retrouverai les personnages principaux dans leurs futures aventures !
 

«On ne peut pas se battre qu'à coups de mots, Votre Altesse. Les paroles non suivies d'action ont cela en commun avec la danse : elles sont belles mais inefficaces.»

  Titre : Les Voleurs de fumée, tome 1 (titre VO : The Smoke Thieves)
Auteure : Sally Green

Éditeur : J'ai Lu

Publication : janvier 2021

Prix :
16,90€
Nombre de pages : 480

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