Vita Nostra - Marina & Sergueï Diatchenko

 

«Sacha, il y a dans le monde bon nombre d'entités avec lesquelles il est impossible de négocier. Et pourtant les gens vivent, non ?»

 

Le résumé :

Vita nostra brevis est, brevi finietur…
« Notre vie est brève, elle finira bientôt… »

C’est dans le bourg paumé de Torpa que Sacha entonnera l’hymne des étudiants, à l’« Institut des technologies spéciales ». Pour y apprendre quoi ? Allez savoir. Dans quel but et en vue de quelle carrière ? Mystère encore. Il faut dire que son inscription ne relève pas exactement d’un choix : on la lui a imposée… Comment s’étonner dès lors de l’apparente absurdité de l’enseignement, de l’arbitraire despotisme des professeurs et de l’inquiétante bizarrerie des étudiants ?

«Rien n'est aussi fort que la peur, dit-il avec regret. C'est la conséquence des lois objectives et immuables. Vivre, c'est être vulnérable. Aimer c'est avoir peur. Et celui qui n'a pas peur reste calme comme un boa et ne peut aimer.»

 

Ma chronique :

Vita Nostra de Marina et Sergueï Diatchenko est un roman délicieusement déroutant et captivant, à l'image de sa somptueuse couverture, pour lequel j'ai eu un réel coup de cœur ! J'ai beau l'avoir lu il y a bientôt un an, ce roman me reste bien en tête et de nombreuses scènes sont gravées dans ma mémoire (et il faut savoir que j'ai habituellement une sacrée mémoire de poisson rouge quand il s'agit de me souvenir de mes lectures...)

 

 Si l'intrigue de départ peut paraître simple, très vite le roman nous surprend en basculant dans les domaines du fantasmagorique et de l'étrange où les notions d'imagination, de philosophie et de langage revêtent une importance particulière et autour desquelles l'intrigue gravite et se construit.

 

On suit Alexandra, surnommée Sacha, une jeune femme banale et attachante dont la vie ainsi que le rapport à la réalité vont être drastiquement chamboulés par une mystérieuse rencontre. Dans cette ambiance si particulière, souvent brumeuse et parfois inquiétante, le lecteur se retrouve au même plan de connaissance, ou d'incompréhension, que Sacha ce qui renforce l'identification au personnage. Son évolution au fil des chapitres est tout bonnement passionnante et tout au long des chapitres j'ai été transportée dans un torrent d'émotions à ses côtés : j'ai eu peur pour Sacha, j'ai été fière d'elle, j'ai souffert avec elle et j'ai espéré pour elle.

 

Certains passages sont complexes et difficiles à appréhender, relevant de l'abstrait, ils demandent au lecteur une concentration accrue ainsi qu'une capacité à accepter de ne pas tout comprendre tout de suite (voire d'être perdu). Le lecteur doit alors faire sa propre interprétation des événements dont il est témoin et construire ses propres théories et explications, et cela même une fois le livre refermé.

Vita Nostra est une lecture puissante qui m'a bousculée et qui change de ce que je lis d'habitude mais j'ai adoré sortir de ma zone de confort de cette façon. Ce roman marquant, très bien écrit, ne plaira pas forcément à tout le monde de part sa singularité mais je vous invite grandement à tenter l'expérience et à plonger dans cet univers brillant et mystérieux. Ce qui est certain, c'est que je ne suis pas prête d'oublier cette lecture envoûtante et que j'ai hâte de retrouver la plume de Marina et Sergueï Diatchenko dans cette série des Métamorphoses dont les tomes se lisent indépendamment.

 

«Nombreux avaient été ceux que l'on avait aimé, qui avaient gardé dans leur poche un coquillage, une pièce ou un vieux cliché en noir et blanc ; nul n'avait été sauvé par des souvenirs, nul n'avait été protégé par des mots ni des promesses, et ceux qu'on avait aimés avaient péri comme les autres.»

 

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 Titre : Les Métamorphoses, tome 1 : Vita Nostra
Auteurices : Marina et Sergueï Diatchenko
Éditeur : L'Atalante
Publication : octobre 2019
Prix : 25,90€
Nombre de pages : 528