Ceux qu'il nous faut retrouver - Joan He

 

«Au cours de leur histoire, dès qu'ils avaient eu besoin de réponses, les hommes s'étaient toujours tournés vers les cieux. Dans le dessin des étoiles, ils avaient vu des cartes. Dans les astres solaires, ils avaient vu des dieux. Et dans l'espace au-delà de l'azur, ils avaient cru pouvoir trouver leur deuxième Terre.»

Le résumé : 

Les dominos sont en place depuis des siècles déjà... Un tremblement de terre et ils vont tous tomber.
Piégée sur une île déserte depuis trois ans avec pour seule compagnie une petite androïde, Cee ne se rappelle plus rien de sa vie d'avant. Rien... si ce n'est qu'elle a une sœur qui l'attend là-bas, quelque part de l'autre côté de l'océan. Elle le sent dans la moelle de ses os : il lui faut à tout prix échapper à cette île pour aller la retrouver. Mais comment ?

Un monde plus loin, Kasey Mizuhara vit dans une cité dans les nuages, conçue pour protéger l'humanité des désastres naturels qui se succèdent sur terre. Fille des deux fondateurs de la ville flottante, elle pleure la disparition de sa sœur Celia, adorée de tous, fascinée par le monde extérieur, qui a pris trois mois plus tôt un bateau et mis le cap vers le large, sans plus jamais donner signe de vie. Mais soudain, un matin, la présence de Celia est repérée quelque part en ville. Kasey s'enfonce dans les entrailles du monstre, bien décidée à percer les secrets de son aînée – il faut dire qu'elle n'en manquait pas – pour pouvoir enfin la serrer de nouveau dans ses bras.

 

«Les gens préféraient toujours les solutions les plus rapides et les moins contraignantes. Pour régler leurs problèmes les plus immédiats, ils n'avaient aucun scrupule à ruiner l'avenir des autres, du moment que le leur n'en pâtissait pas.»


Ma chronique :

Ceux qu'il nous faut retrouver de Joan He est un one-shot de SF qui m’intriguait beaucoup à sa sortie VO et je remercie les éditions Lumen de l’avoir traduit. Les nombreux avis mitigés me faisaient un peu peur mais j’ai adoré cette lecture !

Ceux qu’il nous faut retrouver propose un univers de SF dystopique et assez pessimiste ancré dans un futur proche. Les thématiques de la pollution, du réchauffement climatique, des catastrophes naturelles, de l’empreinte carbone et de l’avenir de l’humanité y sont prépondérantes et font écho à des questionnements et problématiques déjà très actuels. L’autrice délivre un message écologique, environnemental et sociétal fort en invitant le lecteur à s’interroger de façon éthique, à prendre conscience du monde qui l’entoure et des enjeux du quotidien.

Dans le roman, l’humanité a créé des éco-cités, des villes dans le ciel, où les citoyens les plus exemplaires du point de vue de l’écologie peuvent vivre protégés des menaces extérieures naturelles. Les citoyens sont classés en fonction de leur empreinte carbone et de celle de leurs parents, grands-parents, etc. J’ai beaucoup aimé l’univers riche et dense, plein de bonnes idées, qui met à l’honneur des technologies futuristes et des IA hyper développées.

Le roman alterne les chapitres entre deux sœurs, Celia (Cee) et Kasey (Kay). On comprend vite que les deux sœurs sont séparées et essayent de se retrouver mais les raisons de cette séparation sont très nébuleuses. Cee est coincée sur une île déserte, accompagné d’un petit robot doté d’un IA, d’où elle essaye de s’échapper pour retrouver la civilisation tandis que Kay vit dans une éco-cité et cherche les moindres indices lui permettant de retrouver la trace de sa sœur disparue, quitte à défier les lois.

On a donc deux atmosphères et cadres très différents, la survie d’un côté, l’enquête de l’autre, avec une surprenante alternance des narrations (à la première personne du singulier pour Cee, la troisième personne du singulier pour Kay) Les deux jeunes femmes ont également des caractères opposés. J’ai trouvé Cee très attachante, c’était facile de s’identifier à elle avec son humour, son humanité et ses rêves d’évasion et de liberté. Kay est un personnage plus difficile à cerner car elle peut paraître trop froide mais elle brille par son intelligence et son pragmatisme.

Certains passages sont énigmatiques et la narration paraît parfois étrange voire décousue. Mais j’ai adoré être baladée par l’autrice de cette façon, j’étais réellement captivée par l’histoire. À la moitié du roman, l'intrigue prend une tournure qui m'a surprise et à laquelle je ne m'attendais pas du tout. J’ai beaucoup aimé comment les éléments étaient amenés et donnaient des clés de compréhension aux évènements qu’on avait lu. Les pièces du puzzle se mettent en place et certaines interrogations trouvent leurs réponses. Le titre prend alors tout son sens et fait la lumière sur le début du roman qui était très mystérieux.

J’ai trouvé que Ceux qu’il nous faut retrouver était un roman d’anticipation young adult original et très abouti. La fin ouverte pourra en frustrer plus d’un, moi la première, mais j’ai été très agréablement surprise par les retournements de situation et révélations tout au long du roman. C’est une lecture forte qui m’a particulièrement touchée par les thématiques abordées et qui m’a fascinée du début à la fin sans que je ne m’ennuie à un seul moment. 

 

«Mais il y a une chose dont je suis certaine : personne n'arrive dans ce monde par choix. Les plus chanceux d'entre nous peuvent en revanche décider de la manière dont ils le quittent.»

 

Titre : Ceux qu'il nous faut retrouver (titre VO : The ones we're meant to find)
Autrice : Joan He
Éditeur : Lumen
Publication : février 2022
Prix : 17€
Nombre de pages : 503


Commentaires