La Ville dans le ciel - Chris Brookmyre


«Elle est venue ici pour s'échapper, pour repartir de zéro - mais elle ne s'est pas autorisée à croire en un meilleur monde; or, CdC s'adresse aux personnes qui veulent sincèrement participer à la construction d'un avenir meilleur. C'est un endroit pour les idéalistes, les optimistes, les rêveurs, ceux à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession.»

 

Le résumé : 

En orbite autour de la Terre, Ciudad de Cielo est la première marche permettant à l’humanité d’atteindre les étoiles. Décrite comme un lieu utopique où le crime n’existe pas, la station spatiale est néanmoins contrôlée par des gangs qui se livrent une guerre sans merci : prostitution, contrebande et racket sont omniprésents. Jusqu’ici, les autorités ont toujours fermé les yeux. Mais les choses vont changer : un cadavre vient d’être découvert, flottant en mille morceaux dans la microgravité de cette ville dans le ciel.
L’enquête sur ce meurtre est confiée à Nikki « Fix » Freeman. Corrompue jusqu’à la moelle, c’est peu dire qu’elle n’est pas ravie d’être chaperonnée par Alice Blake, une jeune envoyée du gouvernement terrien fraîchement arrivée sur la station et particulièrement stricte dès qu’il s’agit du règlement.
Alors que les morts s’accumulent, les masques vont finir par tomber, et les vraies raisons de ce déchaînement de violence se révéler au grand jour.


 «Le libre arbitre est une illusion, que notre esprit génère afin de nous faire oublier le peu de contrôle que nous avons en réalité sur nos agissements.»

 

Ma chronique : 

Je lis très peu de romans policiers et la hard SF à tendance à me faire peur, je n’étais donc pas sûre que La Ville dans le ciel allait me plaire. Mais d’entrée de jeu, l’intrigue ne perd pas de temps et j’ai été happée par les premiers chapitres. Le lecteur découvre Ciudad de Cielo à travers les yeux d’Alice, nouvelle cheffe de la sécurité qui met pour la première fois les pieds sur cette ville-station spatiale constituée de deux immenses roues tournantes reliée par un axe. Alice, propre sur elle, rigoureuse et pure, est la parfaite personnification de CdC, cette ville à la pointe de la technologie où tout est beau et idéal, véritable modèle utopique et symbole de l’avenir de l’humanité selon les dires des instances gouvernementales et scientifiques. Mais on comprend bien vite que la réalité n’est pas aussi reluisante. En totale opposition avec Alice, le second personnage principal, Nikki, est une ancienne flic corrompue qui fait sa loi en écumant les bas-fonds de la ville où elle côtoie quotidiennement l’alcool, la prostitution et les combats clandestins. Les deux personnages principaux sont bien construits et leur évolution est réaliste et bien menée. Elles sont diamétralement opposées aussi bien physiquement que caractériellement et moralement mais elles s’avèrent ainsi complémentaires sur certains aspects. Ce sont toutes deux des femmes intelligentes qui font parfois face au doute et à la peur derrière leur apparente dureté. Le duo qu’elles forment malgré elles est explosif, entre méfiance, coups fourrés, jalousie et admiration. L’alternance des points de vue apporte beaucoup de dynamisme et permet d’avoir deux points de vue qui se croisent, se contredisent ou sont, encore une fois, complémentaires.

Si je suis entrée très vite dans l’histoire, j’admets que j’ai dû m’accrocher lors de certains passages avec des informations très détaillées et assez pointues relatives à des domaines technologiques et scientifiques. J’ai dû redoubler de concentration et ça a parfois été un peu laborieux de tout comprendre pour moi qui ne suis pas habituée à ce genre de lecture. J’étais parfois un peu perdue car l’auteur ne donne pas toutes les clés de compréhension au début, ce n’est alors que plusieurs chapitres plus tard que l’on saisit toute l’ampleur d’un passage ou d’un dialogue. Cependant, l’enquête policière est au cœur de l’intrigue et habillement mélangée à la Science-Fiction. Le tout est bien construit, haletant et propose un cadre ancré dans le réel. J’étais parfois tellement en immersion dans cet univers que j’en oubliais qu’on ne se trouvait pas les pieds sur terre ! Les technologies créées par l’auteur sont inventives et offrent de toutes nouvelles possibilités à l’enquête policière : à CdC, les résidents se font implanter un système informatique dans le cerveau qui leur permettent de contacter d’autres personnes, d’ouvrir des accès, de faire des recherches sans lever le petit doigt et sans utiliser de gadget. Cette technologie du futur fait écho à des questionnements éthiques actuels et amorce des pistes de réflexion sur l’avenir de l’humanité, l’intelligence artificielle, la protection des données ainsi que la manipulation de l’information et des masses.

La Ville dans le ciel est un roman intense au rythme soutenu ponctué de nombreux rebondissements. C’est un bon cocktail d’action, de violence et de suspense sur fond de corruption, de manipulation et d’innovation ! J’ai beaucoup aimé suivre Alice et Nikki dans leurs péripéties pour faire éclater la vérité sur ces meurtres sanglants dans un lieu qui cache plus de secrets qu’on aurait cru.

Merci à Babelio pour l’envoi de ce roman dans le cadre de la Masse Critique !

 

« La corruption est une forme de pourrissement. Il faut que quelque chose de bon meure en vous avant que vous ne puissiez faire quelque chose de vraiment mauvais. Et puis, chaque fois que vous faites quelque chose de mal, s'éteint un fragment supplémentaire du bien qui se trouvait en votre for intérieur.»

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Titre : La Ville dans le ciel (titre VO : Places in the Darkness)
Auteur : Christopher Brookmyre
Éditeur : Denoël
Publication : septembre 2021
Prix : 24€
Nombre de pages : 512

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